Que s’est-il passé dans le labyrinthe du Minotaure?

Le Minotaure est une créature légendaire de la mythologie grecque antique, mi-homme mi-taureau. Autant que d’autres monstres de la mythologie tel que les sirènes ou les cyclopes, l’histoire de la créature du labyrinthe de Minos est restée dans les mémoires, ses personnages donnant leur nom à des expressions bien connues et son apparence hybride inspirant encore les auteurs d’aujourd’hui. Mais savez-vous vraiment tout de l’histoire du Minotaure et du dédale qui l’abrite? On vous raconte tout ce qu’il faut savoir dans cet article…

L’histoire du labyrinthe de Minos et de son célèbre Minotaure commence bien avant la naissance même de la créature, dans le royaume de Crète où vit le roi Minos. Chez les Grecs de l’Antiquité, il existe un élément très important dans la relation avec les dieux qui conditionne un peu la manière dont les pauvres êtres humains sont traités par les divinités, les sacrifices et des offrandes, chose forcément très étrange pour nous à notre époque. Et l’histoire du Minotaure commence donc par une offrande, ou plutôt par la ruse de Minos qui, au lieu de sacrifier le splendide taureau blanc qu’il s’était engagé à sacrifier pour Poséidon, décide qu’il va  le garder pour lui et le remplace par une autre bête. N’étant pas né de la dernière pluie, le dieu des mers s’aperçoit de la supercherie et décide, une fois n’est pas coutume, de punir Minos pour son affront d’une manière assez cocasse: il rendit la femme de ce dernier, la reine Pasiphaé, follement éprise de l’animal. Je pense que vous voyez où on en vient…

Pasiphaé, mue par un désir irrépressible d’assouvir sa passion, demanda au célèbre ingénieur Dédale de fabriquer un artifice lui permettant de s’accoupler avec le taureau blanc. L’inventeur s’exécuta, créant une vache en bois à l’intérieur de laquelle elle se glissa et qui trompa l’animal, et du fruit de cette union contre-nature naquit une créature monstrueuse mi-homme mi-taureau: le Minotaure. Si sa mère s’en occupa dans un premier temps lorsqu’il était petit, le Minotaure grandit rapidement au point de devenir une créature féroce et assoiffée de chair humaine. Pour contenir cette créature et après avoir consulté l’oracle de Delphes, le roi Minos commande à Dédale -oui encore lui- la construction d’un labyrinthe tortueux duquel nul ne pourrait s’échapper et dans lequel il enferma la bête. Néanmoins, pris peut-être de pitié pour l’animal, il continua à le nourrir en se servant pour cela du tribut de guerre que lui devaient les Athéniens, exigeant d’eux qu’ils lui envoient tous les neufs ans sept jeunes hommes et sept jeunes filles qui seraient enfermés dans le labyrinthe et serviraient de pâture au monstre.

Jean-Baptiste Peytavin (1767-1855), Les sept athéniennes livrées au Minotaure, 1802, huile sur toile, musée des beaux-arts de Chambéry.
Jean-Baptiste Peytavin (1767-1855), Les sept athéniennes livrées au Minotaure, 1802, huile sur toile, musée des beaux-arts de Chambéry.

La bête dévora les quatorze jeunes gens offerts à l’occasion des deux premiers tributs, mais lorsque vint le temps de la troisième livraison, un jeune Athénien prénommé Thésée, fils du roi Égée, se proposa volontairement pour être envoyé au monstre persuadé qu’il parviendrait à s’en sortir. Arrivé sur place, le roi Minos se moqua de cet athénien prétentieux qui croit pouvoir vaincre son monstre, mais il ne songea pas que le jeune homme allait user de l’aide de ….sa propre fille, Ariane, qui tombe follement amoureuse de lui et offrit son aide en échange d’une promesse de mariage. Sur une idée suggérée par Dédale, de nouveau lui, la jeune fille lui donna une pelote de laine que le jeune héros attacha à sa cheville et dévida une fois dans le labyrinthe, pouvant ainsi retrouver son chemin en suivant ce fil d’Ariane jusqu’à la sortie, laissant là son nom à l’expression désignant un guide permettant de trouver une issue dans une situation. Elle lui offrit également en guise d’arme le glaive qui appartenait à son père le roi Minos, croyant fermement à la promesse de Thésée de se marier avec elle une fois le monstre vaincu. Et après une rude bataille contre le Minotaure, Thésée ressortit du labyrinthe, vainqueur, et s’enfuit en compagnie d’Ariane par la mer.

Pelagio Palagi (1775-1860), Ariane donnant le fil à Thésée1814, huile sur toile, MAMbo - Museo d'Arte Moderna di Bologna.
Pelagio Palagi (1775-1860), Ariane donnant le fil à Thésée,1814, huile sur toile, MAMbo – Museo d’Arte Moderna di Bologna.

Malheureusement pour elle, Thésée ne tiendra pas sa promesse et l’abandonna en chemin sur l’île de Naxos. Par chance, son malheur fut de courte durée puisque sur cette île elle fut repérée par le dieu Dionysos, qui épris d’elle, l’enleva et l’épousa. Quant à Thésée, sans doute puni par le sort pour son ingratitude envers Ariane, il provoqua accidentellement à son retour la mort de son père, le roi Égée, lorsqu’il oublia de hisser les voiles blanches à l’approche du port d’Athènes, alors qu’il avait convenu avec celui-ci avant son départ que si les voiles du navire étaient noires cela signifierait qu’il était mort.  Voyant cela, le roi Égée se jeta dans la mer qui porte aujourd’hui son nom… une histoire qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler celle de Tristan et Iseult, mais on s’égare un peu.

WDM32547 Ariadne at Naxos, 1877; by Morgan, Evelyn De (1855-1919); © The De Morgan Centre, London; English, out of copyright
Evelyn De Morgan (1855–1919), Ariane à Naxos, 1977, huile sur toile, © The De Morgan Centre, London; English, out of copyright

L’histoire du labyrinthe de Minos ne s’arrêta pas à la mort du Minotaure, puisque l’inventeur Dédale, pour avoir suggéré à Ariane l’usage du fil et ainsi trahi son royaume, fut condamné par Minos à être enfermé à son tour dans le labyrinthe qu’il a créé, aux côtés de son fils Icare. Fort heureusement, l’architecte des lieux qui a d’ailleurs donné son nom à ce type de construction tortueuse, a plus d’un tour dans son sac et sait que s’il ne peut s’échapper du labyrinthe en le parcourant, il peut s’en échapper en s’envolant par-dessus celui-ci. Utilisant de la cire et des plumes, il  fabriqua des ailes de fortune pour lui et son fils, et tous deux s’envolent dans le ciel après que le sage Dédale ait prévenu Icare de ne pas s’approcher trop près du soleil. Évidemment, ce dernier, prit dans l’enthousiasme de son évasion spectaculaire par les airs n’en fait qu’à sa tête et s’approche du Soleil, et la chaleur fait fondre la cire provoquant la chute mortelle d’Icare, nous inculquant au passage une leçon chère aux grecs de l’Antiquité, la dénonciation de l’hybris, que l’on pourrait traduire par la démesure, qui désigne cet excès de confiance en la supériorité de l’Homme sur la nature et le sentiment de puissance qu’elle procure. Cette mort tragique nous rappelle ainsi que la nature nous dépasse et que nous ne devons pas croire la technique humaine supérieure à celle-ci, au risque de subir les conséquences catastrophiques d’une telle erreur de jugement.

Herbert Draper (1863-1920), Pleurs pour Icare, 1898, huile sur toile, Tate Britain.
Herbert Draper (1863-1920), Pleurs pour Icare, 1898, huile sur toile, Tate Britain.

Ce tableau du peintre britannique Herbert Draper montre Icare après sa mort quand il retombe sur le sol, entouré de nymphes se lamentant. Selon l’historienne de l’art Justine Hopkins, Draper identifie la figure d’Icare aux autres héros des peintres préraphaélites qui, parviennent à vivre vite, à mourir jeunes et à laisser un beau cadavre (voir pour cela l’histoire d’Elizabeth Siddal dont le cadavre est, dit-on, resté intact pendant années). Dans les années 1890, Draper se consacrait essentiellement à des thèmes mythologiques.

N’ayant pu sauver son fils de la mort, Dédale enterra son corps avant de reprendre son vol et d’atterrir en Sicile  où il trouve refuge auprès du roi Cocalos. Mais Minos, furieux d’apprendre que l’inventeur est parvenu à s’échapper du labyrinthe, décida d’organiser un concours dans toute la Grèce afin de le piéger: il offre une récompense à celui qui arriverait à faire passer un fil dans la coquille en spirale d’un escargot, persuadé que seul un homme intelligent comme Dédale parviendrait à relever ce défi et espérant ainsi le débusquer. L’inventeur se montra évidemment à la hauteur de sa réputation, ayant l’idée d’accrocher le fil à une fourmi qui se glissa au fond de la coquille, et Minos apprit bientôt qu’un homme se trouvant à la cour du roi de Sicile était venu à bout de son épreuve. Mais Cocalos, refusant de livrer son protégé, tendit à son tour un piège à Minos en lui faisant couler un bain dans lequel il mourut, assassiné par les filles de Cocalos et Dédale lui-même l’ébouillantant vivant… Devenant à sa mort un juge aux Enfers.

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