Quand on détruisit Dresde

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Vue sur la ville détruite de Dresde depuis l’hôtel de ville. La statue au premier plan est une allégorie de la Bonté.

Du 13 au 15 février 1945, les Alliés bombardent la ville de Dresde en Allemagne. En deux jours, les 1300 bombardiers de la Royal Air Force et de l’US Army Air Force larguent 3900 tonnes de bombes sur la ville, qui fut dévastée. Le nombre total de victimes est encore sujet aujourd’hui à controverse, mais de récentes études estiment que le bombardement de Dresde aurait causé au maximum 25000 morts, bien que différentes sources aient affirmé que près de 200000 personnes seraient mortes sous les bombardement Alliés. Si l’estimation du nombre total de victimes est difficile, c’est parce que la population de la ville au moment de l’attaque est incertaine, étant donné que des milliers de réfugiés ont fuit l’avancée de l’Armée Rouge dans l’est pour se réfugier dans les hôpitaux de grandes villes comme Dresde. Après l’attaque, les autorités ont aussi procédé à la crémation des corps dans des fosses communes pour limiter le risque de propagation des maladies, rendant l’identification des cadavres impossible.

Au sol, les bombes ont causé la destruction de plus de 90% du centre historique de Dresde, ravageant des monuments comme l’Opéra Semperoper ou l’église luthérienne Frauenkirche. Le patrimoine historique de cette ville, symbole de l’époque baroque de l’Allemagne, est entièrement pulvérisé et ne doit sa sauvegarde aujourd’hui qu’aux efforts du gouvernement d’après-guerre qui est parvenu à reconstruire de nombreux bâtiments presque à l’identique. Si Dresde aujourd’hui ne garde presque plus aucune traces de cet évènement tragique, le bombardement reste dans les mémoires, et est de nos jours le sujet de vifs débats à l’image de Hiroshima ou Nagasaki. La mort d’au moins 22000 personnes dans les bombardements, la destruction de la ville ainsi que l’intérêt stratégique faible de l’attaque poussent des comités à demander à l’ONU de reconnaitre le bombardement comme crime de guerre. Bien évidemment, les tribunaux d’après-guerre ayant été pour la grande majorité organisés par les états Alliés, ces derniers n’ont que peu été inquiétés pour les crimes qu’ils auraient commis durant la Seconde Guerre Mondiale.

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La Frauenkirche de Dresde de nos jours, reconstruite à l’identique. Les pierres noires sont celles qui appartenaient à l’ancien bâtiment et qui ont été réutilisées pour la reconstruction.

Étonnamment, les premières réactions et critiques concernant le bombardement de Dresde ne sont pas récentes, et remontent même à la Seconde Guerre mondiale. Le gouvernement nazi utilisa la destruction provoquée par les Alliés dans sa propagande, augmentant fortement dans ses rapports le nombre de morts, et faisant passer le 3eme Reich pour la victime innocemment attaquée. Du côté Allié, les premières réactions considèrent que le bombardement de Dresde est la vengeance pour tous les raids de l’armée Allemande sur des villes anglaises, notamment celui Coventry au début de la guerre qui causa un peu moins de 600 morts. Mais déjà les milieux intellectuels remettent en question l’intérêt d’une telle attaque, surtout sur une ville culturelle comme Dresde qui ne représente que très peu d’intérêt stratégique militaire. Winston Churchill lui-même, quelques semaines après le bombardement, aura les mots suivants: « La destruction de Dresde est une sérieuse remise en question de la conduite des bombardement Alliés. Il me semble que les objectifs militaires devraient être favorisés, comme le pétrole ou les communications, plutôt que des actes de destruction et de terreur, bien qu’impressionnant. »

Un mois avant le bombardement de Dresde, le même Winston Churchill demandait à l’état major de considérer les grandes villes allemandes comme des cibles militaires et pressait la RAF de lancer des raids aériens.

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3 pensées sur “Quand on détruisit Dresde

  • 28 mars 2018 à 0 h 03 min
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    Merci pour cet article très intéressant.

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  • 28 mars 2018 à 8 h 14 min
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    Les « sources » qui donnent comme chiffre 200 000 morts, c’est la propagande nazie.

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  • 8 juillet 2018 à 19 h 42 min
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    Pour être plus précis, la seule « source » est un article du Stürmer, un journal ultranazi, 4 ou 5 jours après le bombardement. Ca a été repris dans un lire par David Irving, un négationniste condamné pour cela. La fourchette est bien de 25 000 (une commission d’historiens locaux) à 30 000 morts (Jorg Friedrich, L’incendie)

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