Quand un sniper élimina 259 soviétiques : le Finlandais Simo Häyhä

A la fin de l’année 1939, tandis que les premiers chars allemands et soviétiques marchent sur la Pologne, déclenchant par cette invasion ce qui sera la Seconde Guerre Mondiale, un petit pays d’Europe du nord vit lui-même un conflit un peu à part. Opposant la Finlande à l’URSS, la guerre d’Hiver est un conflit qui dura à peine 5 mois, provoqué par le colosse soviétique désireux de protéger la ville de Leningrad, actuelle St-Pétersbourg, d’une éventuelle invasion de l’Allemagne nazie en occupant le pays scandinave. La Finlande – pays 47 fois moins étendus que l’URSS et 66 fois moins peuplé – parvient à infliger des pertes considérables à l’Armée rouge, cette résistance acharnée à l’envahisseur étant symbolisée par le succès d’un tireur d’élite finlandais, qui en si peu de temps, tua plus d’ennemis que n’importe quel autre tireur d’élite de l’Histoire: Simo Häyhä.

A l’âge de 20 ans, Simo Häyhä – alors simple fermier passionné de chasse et de tir – fait son service militaire et rejoint la Garde Blanche, une armée composée de soldats volontaires agissant à la fois comme la force de défense de la Finlande après la guerre civile de 1918 et comme une police intérieure. Pendant toutes les années qui précèdent le déclenchement de la guerre d’Hiver, le tireur d’élite finlandais pratique le tir sans relâche, raflant sur son temps libre de nombreux trophées liés à sa pratique, et lorsqu’il est envoyé au front, c’est déjà en tant que sniper confirmé. Alliée à son expérience de la chasse, son ingéniosité en fait un ennemi redoutable, qui n’hésite pas à mâcher de la neige pour atténuer la buée sortant de sa bouche, ou à se faire un mur de neige compacte devant lui pour ne pas souffler la poudreuse lorsqu’il presse la détente.

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Simo Häyhä posant en 1940 avec un fusil Mosin-Nagant modèle 28, offert par sa hiérarchie pour ses exploits de sniper.

Dès le premier mois du conflit, en décembre 1939, Simo Häyhä s’illustre en abattant 138 soldats soviétiques, prouesse d’autant plus impressionnante que le tireur d’élite n’utilise aucune lunette pour viser, préférant utiliser le réticule d’acier de son fusil, estimant qu’autrement il serait trop visible de l’ennemi. Le mois suivant, c’est 61 ennemis qu’il tue, et la propagande finlandaise s’empare rapidement de ses exploits pour faire de lui une légende, le représentant dans les journaux comme un sniper invisible, appelé simplement « La Mort Blanche ». De l’autre côté de la ligne de front, les récits de ce soldat capable de rester des heures entières immobile en attendant une cible par -40 degrés fait le tour de l’Armée Rouge, et les soviétiques font rapidement une priorité de l’abattre coûte que coûte.

L’Armée Rouge engagea pour le combattre des « contre-sniper », tireurs d’élites eux aussi et chargés de le traquer, une forme de guérilla alors totalement nouvelle dans les conflits militaires et qui sera de nouveau d’actualité durant la bataille de Stalingrad où le sniper Vassili Zaïtsev abattra 225 soldats de la Wehrmacht (son histoire étant le sujet du film Stalingrad sorti en 2001). Mais Simo Häyhä ne fut jamais trouvé, et l’armée soviétique, frustrée de ne pas mettre fin au carnage, décida d’avoir recourt à des bombardements d’artillerie qui finalement eurent raison du tireur d’élite finlandais. Le 6 mars 1940, Simo est touché à la mâchoire par l’explosion d’un obus, et c’est le visage complètement défiguré qu’il est emmené à l’hôpital où il tombe dans le coma. Il se réveille 7 jours plus tard, quelques heures après la signature du Traité de Moscou qui met fin à la guerre d’hiver.

Au total, Simo Häyhä aura abattu d’après le décompte officiel 259 soldats soviétiques avant sa blessure, et ce en moins de 100 jours, une prouesse qui n’a depuis jamais été égalée par aucun autre tireur d’élite de l’Histoire. A ces morts s’ajoutent autant de soldats abattus à la mitraillette; il a aussi été estimé que le Finlandais aurait pu avoir abattu au moins 505 personnes durant la bataille de Kollaa au fusil, mais la véracité de ces chiffres est difficile à établir étant donné que les soldats soviétiques abattus n’ont pas pu tous être identifiés et qu’il est difficile de prouver que ce fut bien Simo et non pas un autre tireur d’élite qui les aurait abattu.

Après la guerre, le finlandais récupère de sa blessure et quitte l’armée, gardant toute sa vie un visage défiguré par sa mâchoire brisée, jusqu’à sa mort en 2002 à l’âge de 96 ans.

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Simo Häyhä vers la fin de sa vie, le visage toujours défiguré par sa blessure, montrant une technique de sniper en utilisant son gant entre son arme et un rondin de bois pour augmenter sa précision. Crédit photographique ©Tapio Saarelainen.

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