Qu’est-il arrivé aux 7 merveilles? – La statue de Zeus en Olympie

Des jardins suspendus de Babylone au colosse de Rhodes, en passant par le mausolée d’Halicarnasse ou la pyramide de Khéops… les 7 Merveilles du Monde antique sont sans doute les constructions les plus connues du monde, acclamées depuis 2000 ans comme des monuments aux proportions ayant dépassé l’entendement. Pourtant aujourd’hui, de ces chefs-d’œuvre de l’Antiquité, un seul est resté debout. Retour aujourd’hui sur l’histoire de la statue de Zeus à Olympie, de sa création par le sculpteur Phidias à sa disparition dans les méandres de l’Histoire…

Réalisée vers 436 avant J.C., soit plus d’un siècle après la fin du règne de Nabuchodonosor II, la statue colossale de Zeus en Olympie est la troisième plus ancienne des merveilles du monde, réalisée par le sculpteur athénien Phidias, protégé de Périclès, et auquel on doit aussi la statue d’Athéna ornant autrefois dans le Parthénon d’Athènes. Au contraire des jardins suspendus de Babylone, l’existence de cette merveille est avérée et prouvée, puisque si malheureusement elle n’a pas survécu jusqu’à notre époque, des fouilles archéologiques effectuées dans les années 1950 ont permis de mettre à jour l’atelier de Phidias dans lequel elle a été exécutée, où se trouvaient encore des outils utilisés pour travailler l’ivoire et l’or, ainsi que plusieurs pierres précieuses.

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Ruines de l’atelier de Phidias en Olympie, où il aurait réalisé la statue chryséléphantine de Zeus. Crédit photographique: Alun Salt, pour Wikicommons, CC BY-SA 2.0.

Car oui, la statue de Zeus à Olympie n’était pas considérée comme l’une des sept merveilles du monde seulement à cause de sa taille imposante (12 mètres de haut), ni même parce qu’elle représente le roi des dieux, mais avant tout parce que c’était une statue chryséléphantine, c’est à dire utilisant de l’or – chrysos en grec – pour figurer les cheveux et la barbe, et de l’ivoire – elephantinos en grec – pour la peau du dieu grec. En plus de ces matériaux, Zeus, représenté par Phidias assis sur son trône, est couvert d’une toge fabriquée en verre et couverte de pierres précieuses, et tient dans sa main droite une autre statue chryséléphantine représentant Niké, personnification de la victoire, et dans sa main gauche un sceptre couronné d’un aigle en or. Le socle de la statue, son trône et même les sandales en or du dieu sont toutes recouvertes de bas-reliefs et de peintures représentant des scènes de la mythologie, comme par exemple le lion de Némée vaincu par Héraclès.

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Maquette du temple de Zeus en Olympie et sa statue, au musée du Louvre.

Si aujourd’hui on connait avec autant de précision l’apparence de cette statue, nichée dans le temple de Zeus en Olympie aujourd’hui disparu, c’est grâce à la description qui en est faite au Ier siècle de notre ère par le géographe Pausanias dans son ouvrage intitulé Description de la Grèce. C’est aussi cet ouvrage qui nous permet de dater avec autant de précision la création de cette merveille (environ -436), puisque  l’auteur y indique qu’un des athlètes représentés dans les bas-reliefs de la statue ressemble à Pantarkès, vainqueur d’une épreuve de lutte lors des 87eme Jeux Olympiques se déroulant en -436 avant J.C.. Ce détail qui peut nous sembler anecdotique est en fait un témoignage d’une pratique très répandue durant l’Antiquité grecque, celle de marquer son œuvre d’une inscription kalos (kalos signifiant beau). Celle-ci témoigne donc de la relation entre le lutteur et Phidias, qui, en le représentant sur son œuvre majeure, lui témoigne une affection propre aux relations de pédérastie entre un homme âgé, ici le sculpteur, et un jeune éphèbe, ici Pantarkès.

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Phidias montrant la frise du Parthenon à ses amis, 1868, de Lawrence Alma-Tadema.

Les matériaux précieux utilisés pour cette statue, autant que sa réalisation parfaite par celui qui est considéré comme l’un des plus grands sculpteurs de l’Antiquité, ont donné lieu à de nombreuses descriptions et éloges de sa grandeur depuis le IVeme siècle avant J.C.. Le géographe Strabon décrit la statue comme « prête à se lever pour émerger du temple », tandis que l’historien romain Tite-Live affirme que Paul-Emile le Macédonien, général et vainqueur de la troisième guerre macédonienne, aurait vu la statue de Zeus et en resta longtemps ému, comme s’il avait vu le dieu en personne devant lui. L’impact culturel de cette statue est tel qu’aujourd’hui, cette merveille est encore évoquée dans les arts: on la retrouve dans le dessin animé de Walt Disney, Hercules, où Zeus prend possession de la statue dans le temple en Olympie pour s’adresser à son fils mortel.

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Illustration de Quatremère de Quincy représentant la statue chryséléphantine telle que décrite. Pausanias parle dans ses écrits d’un bassin d’huile devant la statue qui reflétait son image, non représenté sur cette illustration.

La statue chryséléphantine de Zeus n’a bien sûr pas suscité que l’admiration, mais également la convoitise de la part de nombreuses personnes : Suétone affirme qu’au premier siècle, l’empereur de Rome Caligula, connu pour sa mégalomanie, aurait exigé que les plus belles statues de dieux de toute la Grèce soient resculptées à son image, dont évidemment celle de Zeus en Olympie. Heureusement, il ne put jamais accomplir ce projet fou, étant assassiné en l’an 41 an, une mort que Suétone attribue d’ailleurs à une vengeance de Zeus pour cet affront. Une légende veut aussi que la statue ait été emmenée par le très riche et puissant eunuque byzantin Lausos à Constantinople au Veme siècle, où elle aurait d’ailleurs disparu dans l’incendie de son palais en même temps que l’Aphrodite de Cnide, une statue crée à partir des traits de la courtisane Phryné par le sculpteur antique Praxitèle et dont l’original a lui aussi disparu dans les méandres de l’Histoire…

Concernant la statue chryséléphantine de Zeus, cette fin est tout de même discutable : le site archéologique du palais de Lausos n’ayant pas encore pu être identifié, il est difficile de confirmer sa disparition ou même les œuvres qui s’y trouvaient, et si le chroniqueur byzantin Zonaras qui a rapporté l’incendie cite bien l’Aphrodite de Cnide dans la collection disparue de Lausos, il ne fait nulle mention du la statue de Zeus qui pourtant, au vu de sa taille et son prestige, aurait été logiquement le premier trésor qu’il aurait évoqué. Lucien de Samosate, un rhéteur du IIème siècle, semble évoquer la disparition de la statue dans Timon ou Le Misanthrope, écrivant: « Ils ont posé les mains sur votre personne en Olympie, seigneur de la foudre, mais vous n’aviez pas l’énergie de réveiller les chiens ou vos voisins; pourtant ils seraient arrivés à temps pour vous sauver et capturer les voleurs avant qu’ils n’emportent leur butin. ». Le mystère reste entier concernant le sort de la statue à ce moment là, mais le temple qui l’abritait lui a disparu dans les flammes en 425…

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Une pensée sur “Qu’est-il arrivé aux 7 merveilles? – La statue de Zeus en Olympie

  • 31 juillet 2018 à 1 h 28 min
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    Très interessants quand on ne realise juste aujourd’hui rien de si somptueux que l’antiquité n’ait depassé.

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