Quand on inventa le vaccin
Au XVIIIème siècle, la variole – surnommée “petite vérole” – fait des ravages: touchant plus de 60% de la population, elle provoque la mort d’un malade sur 7, soit entre 8 et 10% de la population, et laisse à ceux qui y survivent des séquelles à vie, notamment un visage défiguré. C’est dans ce contexte tragique que le jeune médecin Edward Jenner mettra au point une invention qui changera à tout jamais l’Histoire de la médecine…
Vers la fin de ce siècle, la variole affecte surtout les enfants de moins de 10 ans et décime la population infantile, d’où son surnom de “le fléau des familles”, et devient un vrai sujet de santé publique. C’est en partant de l’observation que les personnes travaillant à la traie des bovidés ne contractaient pas la maladie que le jeune médecin Edward Jenner en déduisit que celles-ci étaient en fait protégées après avoir été contaminées auparavant via le lait des vaches par la vaccine, une maladie semblable mais beaucoup moins virulente. Il appliqua cette théorie pour mettre au point son vaccin, qu’il administrera pour la première fois le 14 mai 1796 à James Philipps, un jeune garçon de 8 ans, qui ne contractera pas la maladie par la suite. Il ne le sait pas encore, mais ce premier patient immunisé lui permettra de poser les bases d’un procédé qui va sauver des millions de vies et mettre fin à l’épidémie de cette terrible maladie en Europe, et surtout révolutionner la médecine.

Tout ce que l’Europe comptait de jeunes enfants se fera bientôt “vacciner”, des simples paysans aux têtes couronnées: l’Histoire raconte que même Napoléon 1er a tenu à administrer un vaccin préventif à son jeune fils, le roi de Rome. L’Histoire l’oublie souvent, mais Edward Jenner n’est en réalité pas le premier à avoir découvert le principe du vaccin anti-variolique, puisque 20 ans auparavant, Benjamin Jetsy, un agriculteur, avait vacciné sa femme et ses deux fils selon le même principe, mais Jenner n’en a pas eu connaissance et est parvenu aux mêmes conclusions indépendamment, et surtout il fut le premier à systématiser l’application de ce procédé dans la sphère médicale.

Mais si le nom du vaccin restera pour toujours associé à la découverte d’Edward Jenner, la démocratisation de ce qui deviendra bientôt l’un des actes médicaux préventifs les plus importants, aujourd’hui pratiqué tous les jours à travers le monde, reste pourtant associée à un autre grand nom de la médecine, le scientifique français Louis Pasteur.
Nommé directeur des études scientifiques de l’Ecole normale de Paris en 1857, où il a pris ses quartiers rue d’Ulm, Pasteur est la figure la plus emblématique des progrès de la médecine à la fin du XIXème siècle. Il consacra sa vie au combat contre les maladies infectieuses et les bactéries, déposant en 1865 un brevet pour la conservation du vin par chauffage qui prendra son nom, la pasteurisation, et mettant au point le procédé de stérilisation en 1878. A l’ensemble de ses recherches s’ajoute également son combat contre l’alcoolisme, puisqu’il fut l’un des premiers fondateurs de la ligue antialcoolique en 1872. Mais c’est en 1885 qu’il fera la découverte qui le rendra célèbre, celle du vaccin contre le rage; la même année Joseph Meister sera le premier humain vacciné contre la maladie avec succès. En hommage à ses découvertes, et afin de poursuivre ses recherches, sera fondé en 1888 le premier Institut Pasteur, dont il sera le président jusqu’à sa mort en 1895, et qui apporte à la France une reconnaissance internationale dans le domaine scientifique, ayant remporté dix prix Nobel à ce jour.

Le peintre finlandais Albert Edelfet a choisi ici de rendre hommage au scientifique en le représentant sur le point de découvrir le vaccin contre la rage: l’homme se trouve dans le grenier de la rue d’Ulm où il a établi son laboratoire, et, le visage baigné d’une douce lumière du jour, il tient dans sa main un flacon à double tubulure, innovation mise au point par son collègue Emile Roux en 1878, dans lequel il observe la moelle épinière d’un lapin contaminé par le rage. Son bras gauche, paralysé depuis son attaque foudroyante en 1868, est accoudé à un livre, et rien ne semble pouvoir entraver la détermination du scientifique, quand bien même le virus de la rage est si petit qu’il ne pourra jamais l’observer au microscope… Loin de tout théâtralisme, l’artiste montre ainsi son admiration pour le génie en représentant l’homme dans la simplicité qui le caractérisait et son dévouement à un combat scientifique qui fera progresser toute l’humanité.
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Votre cite est une petite pépite… au sujet de Pasteur, on pourrait dire beaucoup de choses sur sa déontologie plus que douteuse… le meilleur ouvrage de loin sur les vaccins est en espagnol « La cara oculta de las vacunas… Historia de un mito »