Quand les Romains taguaient les murs de Pompéï

Et il s’agit précisément du scénario de la catastrophe de Pompéi et Herculanum, puisque les deux villes ont été ensevelies sous plusieurs mètres de cendres, figeant à tout jamais leur état au moment de l’éruption. Plus qu’un témoignage sur l’éruption du Vésuve, les sites archéologiques de Pompéi et Herculanum nous offrent un vision inédite sur le monde romain à cette époque, puisque tout y a été conservé sans subir les dégâts du temps. Outre les bâtiments, sculptures et peintures qui nous permettent de reconstituer l’architecture et l’organisation des villes romaines, les cendres ont aussi enseveli les habitants des deux villes, qui demeurent depuis dans la pose qu’ils avaient au moment de mourir. Cette perspective, bien que tragique et lugubre, nous permet d’avoir un regard plus intime sur la vie des romains d’Herculanum et Pompéi.

Dans un registre plus léger, ces sites archéologiques ont aussi révélé l’existence d’un nombre considérable de graffitis dans les ruines. Si vous pensiez jusque la que les tags sur les murs étaient une caractéristique propre à la fin du XXeme siècle, les ruines de Pompéï nous montrent que même à l’époque romaine on ne manquait pas d’imagination pour laisser sa marque sur les murs. Outre les affichages municipaux, les inscriptions liées aux campagnes électorales ou la publicité pour des spectacles, il a aussi été découvert des messages bien plus personnels, tel que « Antiochus se trouvait ici avec sa petite amie Cithera », « Cruel Lalagus, pourquoi ne m’aimes-tu point? », ou bien encore « Je ne veux pas vendre mon époux, même pour tout l’or du monde ».
Si certains sont poétiques, d’autres retrouvés notamment dans un Lupanar, sorte de maison close antique, sont ouvertement obscènes: « Femmes, mon pénis vous abandonne, il pénètre le derrière des hommes désormais », « Restituta veux-tu, enlève ta tunique et montre nous tes parties poilues », « Secundus a déféqué ici », « Theophilius, ne lèche pas les parties des femmes comme un chien contre les murs de la ville », « Secundus aime baiser des garçons », « Gentius lèche la foufoune, Itonusia le lèchera »… Ces inscriptions sont en accord avec les mosaïques des murs de ce genre d’établissement, représentant des relations sexuelles, des femmes ou des hommes nus, et toute la frivolité caractéristique d’un haut lieu de la prostitution. Si ces inscriptions nous font aujourd’hui sourire, elles sont en tout cas un témoignage précieux et intime sur la vie du temps des romains, et nous offrent une vision un peu différente de l’Histoire, à l’opposé de grands évènements ayant changé le monde, et plus proche du peuple…
